Krug sort ses griffes
Son histoire est celle d’un conte de fées à l’américaine. Appelé à la rescousse pour pallier les absences au sein de l’arrière-garde de Boston avant le coup d’envoi de la série face aux New York Rangers, Torey Krug a pris feu pour ses premières apparitions en play-offs NHL. Si bien que le nom du rookie (22 ans) revient sur toutes les lèvres à l’aube de la finale de conférence explosive qui verra les Bruins défier les Pittsburgh Penguins à partir de samedi.
Torey « who » ? Il y a deux semaines, le patronyme de Torey Krug était une énigme pour la grande majorité des observateurs du hockey nord-américain. Et pour cause. Le jeune défenseur proposait une carte de visite bien maigre au moment d’intégrer l’alignement des Bruins au cœur des play-offs. Non drafté durant son cursus universitaire à Michigan State, principalement en raison de son petit gabarit (1,75 m), le joueur américain signait au printemps 2012 un contrat de free agent avec Boston mais ne comptait que deux apparitions au plus haut niveau avant de passer la quasi-totalité de la saison suivante dans les rangs l’équipe ferme de Providence engagée en AHL (un seul match en NHL le 27 mars).
Toutefois, l’hécatombe de blessures ayant touché la défense lors d’une première ronde épique face à Toronto (blessures de Dennis Seidenberg, Wade Redden et Andrew Ference) a contraint Claude Julien à revoir ses plans. L’entraîneur de la franchise du Massachusetts a ainsi décidé de sortir l’inexpérimenté Torey Krug de sa manche. Un pari aux allures de coup de génie puisque le rookie, propulsé sous le feu des projecteurs, a saisi sa chance en se muant en facteur X d’une équipe de Boston qui a essoré les Rangers en cinq manches (4-1).
Le scalp de « King Henrik »
Faisant fi de la pression, Krug a en effet sorti l’artillerie lourde pour faire trembler à quatre reprises les filets de l’une des références au poste de gardien en la personne d’Henrik Lundqvist, devenant le premier débutant de l’histoire évoluant en défense à réaliser pareille performance. Complètement décomplexé, l’Américain a affiché une maturité et un calme presque déconcertants à la ligne bleue, multipliant les choix judicieux dans l’utilisation du palet tout en dévoilant des qualités de sniper insoupçonnées.
Ces partitions ébouriffantes ont enchanté le public du TD Garden tout comme ses coéquipiers, à l’image de Shawn Thornton, qui ne tarit pas d’éloges sur le phénomène qu’il a surnommé « Freddy » – en référence à Freddy Krueger, le personnage créé par Wes Craven. « Il a été tellement décisif depuis son arrivée. Il fluidifie le jeu en s’accommodant avec aisance des situations difficiles. Et ce ne sont pas juste les points et les tirs, mais aussi les sorties de zone, son assurance avec le palet, sa créativité dans la zone neutre, a déclaré le vétéran en conférence de presse. Pour un gamin de son âge, il fait preuve d’une patience étonnante. Il affiche un niveau de jeu bien plus épais que sa carrure ne le laisse penser. » Claude Julien a, pour sa part, évoqué un garçon au « sang glacé dans les veines » qui a été « magique » pour l’équipe dans cette série, révélant une satisfaction légitime d’avoir flairé le bon coup.
Pittsburgh, un révélateur
Fort de son nouveau statut d’impact player en puissance, Torey Krug devrait continuer à recevoir un temps de jeu significatif face à Pittsburgh en finale de conférence. Abordant ce nouveau défi en pleine confiance, il ne cache pas son ambition de prolonger la belle aventure le plus longtemps possible : « C’est une année incroyable. Quand j’ai signé, je voulais gagner la Coupe Stanley. Et je savais que Boston serait un outsider en puissance. Je suis ravi d’avoir cette opportunité et d’apporter ma pierre à l’édifice. »
Face à l’armada offensive des Pens, l’ancien Spartan n’aura toutefois pas la tâche facile, la mission lui étant proposée étant celle de contenir des éléments de la trempe de Sidney Crosby ou Evgeni Malkin tout en continuant à se montrer productif en attaque. Au risque de retourner dans l’ombre aussi rapidement qu’il en est sorti. « Je dois confirmer si je veux continuer à exister dans la Ligue. Si je n’ai plus d’influence en zone offensive, ils vont trouver un gars plus costaud qui peut faire la même chose que moi, assène-t-il avec lucidité. Mais j’espère que je pourrais continuer et j’essaie d’apporter ma contribution dès lors que l’on me donne une chance. » Touché par la grâce, Torey Krug s’est donné les moyens de poursuivre son rêve. En faisant de son nom un possible futur synonyme de fairy tale dans le dictionnaire américain.
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